Elle déjeunait avec nous 
    Elle déjeunait avec nous quasi quotidiennement. Nous étions une petite équipe travaillant sur le même projet et manger en commun allait de soi. C’était en général à la brasserie du 53 de l’avenue du Roule. J’étais le premier à insister pour aller là : j’aime les grillades bien préparées, saignantes, presque crues, et dans le quartier cette brasserie en servaient les meilleures.
    À vrai dire je n’ai jamais compris comment ce goût m’est venu : j’étais végétarien la première fois qu’ils m’y avaient conduit ! Je m’étais mis à y commander des steaks pour faire comme tout le monde, mais je les demandais très cuits. Or ces gastronomes vantaient les viandes suintant le sang : j’ai suivi encore, et peu à peu à ma surprise y ai pris goût…
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Mise en ligne : samedi 19 avril 2014, 07:56
Classé dans : 1994  |  Héritage des P
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Concentration 
La force immense qui agit en moi
Agit sous une telle croûte
Que nul n'en pourra
Éviter les éclats
Blessants

Sentez la vitesse de mon sang
Passant dans mon regard
Mon sang va plus vite que le sang d'un fou
Mon sang veut fuir
Veut s'enfuir

J'entends les tambours dans la forêt
Ils sont cent et cent ensemble
Les tambours dans le cœur des oiseaux
Quand les oiseaux tremblent

La ruine descend en moi
Pierre après pierre
Ma maison s'écroule sur moi [suite...]
Mise en ligne : mardi 20 août 2013, 07:09
Classé dans : 1994  |  Le malétant
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Ce qu'il te faut... 
Ce qu'il te faut c'est souffrir calmement
Tiens
Voici quelques calmants
Prends

N'écoute pas ce qu'on te dit
Va par le monde comme un fantôme
Hante les lieux favorables
à la mélancolie

Sens
ce qui coule dans tes veines
Ça n'est pas la vie
c'est la mort
et ça fait [suite...]
Mise en ligne : vendredi 21 juin 2013, 10:20
Classé dans : Le malétant  |  1994
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Radotage 
Ma famille n'était
ni de gueux ni de princes mais
J'aurais tellement mieux vécu
dans la famille d'un singe

Mes docteurs
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Mise en ligne : jeudi 6 septembre 2012, 10:24
Classé dans : Le malétant  |  1994
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Valse 
Je suis tellement
Dégoûté par moi-même
Dégoûté par la vie
Qui me mène

Que je voudrais aller vivre
La vie définitive
Du cimetière
Abandonné

Or là dans la semaine
De mon arrivée
Le cimetière deviendrait
Hanté

[suite...]
Classé dans : Causeries  |  1994
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Les Poux 
    Je m'y attendais. Il a fait tomber son litre du banc. Et d'un segment de quai jonché de fragments de verre ! Et d'un banc de métro inutilisable pour la journée !
    Point positif : ça l'a réveillé. Nous allons peut-être nous déplacer ? Car cette station est vraiment trop sinistre. Quelle heure est-il ? Onze heure peut-être, ou midi. Mais Michel a l'engourdissement si facile...
    Une rame s'annonce. C'est bon. Il a le temps de réunir ses deux sacs, le pochon plastique où il renferme son sac de couchage, et le rouge avec ses autres affaires. Nous entrons. Je m'installe le plus loin possible. Ce n'est pas qu'il me fasse honte — plus grand chose ne m'importe — mais j'aime tout autant me délivrer du regard des gens, regard de pitié (oh le pauvre... avoir échoué près d'une telle ordure...).
    L'ordure se trouve un strapontin. Il est allé loger son encombrant cadavre près d'un petit monsieur. Un petit monsieur avec une barbichette et un duffle-coat rouge et noir. Celui-ci ne bronche pas. Il a pourtant un long nez. Dans une telle situation, la plupart des gens se trouvent une autre place ou se mettent debout. Les plus délicats font mine d'avoir à descendre à la prochaine, où ils sautent dans une rame voisine. Mais le petit monsieur barbichu fait comme si de rien n'était — enfin, il se pousse quand même à la limite de son strapontin, pour laisser à l'encombrant cadavre l'espace nécessaire à son faisandage. Hé, le monsieur, tu as remarqué le citoyen d'à-côté ? Tu te laveras les cheveux ce soir ?
    Un humaniste, peut-être. [suite...]
Mise en ligne : mardi 15 janvier 2008, 22:41
Classé dans : Causeries  |  1994
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